Saturday, January 21, 2012

Interview avec Jacques Guérin, organisateur du festival du Bout du Monde (2/2)

Suite et fin de mon interview avec Jacques Guérin, organisateur du festival du Bout du Monde. Vous pouvez retrouver la premiere partie de l'interview ici.


  • Comment appréhendez-vous les conditions météos ?
  • Alors nous sommes en Bretagne, au bout de la Terre, au bout du monde en presqu'île de Crozon... Ça fait parti du jeu. Ça fait parti du stress d'un organisateur, d'un producteur, d'une association et d'une équipe. Bon, il y a eu des années où il a flotté énormément, c'était à nous de mettre des copeaux de bois sur le site, de sécuriser les parcelles, les parkings et les campings. La pluie n'est pas synonyme d'annulation. C'est à dire qu'il y a un huissier de justice qui vient chaque année pour faire des photos en cas de gros soucis.

  • Vous êtes quand même bien préparé en cas de mauvais conditions ?
  • Oui, complètement. Nous sommes toujours préparé, c'est clair. Nous avons aussi une assurance annulation. Nous prévoyons le pire, mais mi-août en presqu'île de Crozon, nous pouvons très bien avoir un super week-end, ou bien un temps pourri comme la première année où il pleuvait le samedi la journée de 4h à 17h ! Nous avions malgré tout ouvert le site à 17h et le spectacle à eu lieu. Ça fait parti du jeu, nous ne sommes pas dans le sud de la France mais en Bretagne. C'est une belle région et un beau site !

  • Les artistes acceptent de jouer même s'il pleut ?
  • Bien sûr ! Nous faisons attention au coté technique alors ça se passe toujours bien.

  • Combien d'artistes présents en 2011?
  • Il y avait une trentaine d'artistes, soit environ 300-400 musiciens.

  • Et où trouvez-vous toutes ces découvertes musicales ?
  • C'est à nous d'écouter, d'être attentif des artistes en tournée, des sorties d'albums et sur d'autres festivals. Nous cherchons à écouter des choses qui sont rares que nous avons envie de dénicher.

  • C'est une prise de risque chaque année ?
  • La prise de risque artistique existe en permanence depuis la création du Bout du Monde. C'est à nous de faire découvrir des artistes moins connu qui nous viennent du monde entier. C'est la base du projet !

  • Comment gérez-vous les artistes qui annulent ?
  • C'est arrivé quelques fois, très peu mais c'est arrivé. Dans ce cas, c'est à nous d'être très réactif, de trouver une nouvelle formation disponible seulement un ou deux jours avant le festival.

  • Comme les artistes locaux avec qui vous avez l'habitude de travailler ?
  • Oui, ça peut être des artistes locaux mais aussi d'une autre région, comme un artiste en tournée. Nous savons que ce jour là, il est off et qu'il peut éventuellement venir.

  • Vous les prévenez à l'avance ?
  • Non, c'est impossible.

  • Pas de plan de secours ?
  • C'est jamais facile. Nous savons quels artistes sont dispo. mais nous ne pouvons pas décider à l'avance quel groupe nous allons prendre.

  • Seulement une liste d'artistes disponibles, au cas où ?
  • Non, c'est pas une liste d'artistes. Nous savons où sont les disponibilités mais après nous n'allons pas accoucher 15 noms. Ce sont plus des rencontres que nous avons pu faire dans le passé, nous les contactons et après nous les faisons venir. Il faut aller très vite !

  • En fait, vous avez l'habitude de travailler dans l'urgence...
  • Oui, ce sont des années d'expérience. Il faut être sage, à l'écoute, ressentir les choses, échanger, dialoguer... Ça ne s'apprend pas du jour au lendemain. Il faut être moteur, prendre en compte les bonnes décisions au bon moment et au bon endroit.

  • Comment avez-vous gérer la cyber-attaque de votre site internet en décembre 2011 ?
  • Ça nous étais déjà arrivé une fois ! Nous avons contacter notre hébergeur, sans nous affoler et quelques heures plus tard, tout était rentré dans l'ordre. Nous n'avons aucune idée du but de cette attaque, c'est pas non plus un coup d'état, il y a d'autres choses plus intéressantes dans la vie...

  • Comment gérez-vous la logistique du festival ?
  • Au Bout du Monde, il y a une régie technique générale reliée à tous nos partenaires techniques. Ce sont des accords que nous pouvons avoir sur l'organisation, le transport, la mise à disposition de matériel, le son et lumière, les scènes, les chapiteaux, etc.

  • C'est un réseau avec qui vous travaillez chaque année ?
  • Oui, nous ne travaillons qu'avec des professionnels. Après nous avons un certain nombre de matériel que nous avons acheté au fil du temps : des barrières, des câbles, des praticables, du mobilier pour les loges, du matériel de cuisine, etc. stocké dans un hangar de 400m2.

  • Et tout ça vous le sous-louez à d'autres festivals ?
  • Non, nous ne sous-louons pas. Nous pouvons prêter des boitiers électriques, des barrières, des choses comme ça mais nous ne sommes pas loueurs. Nous sommes organisateurs de concerts et producteurs de spectacles. Si je peux donner un petit-coup de main à une asso. ou une commune pour prêter des barrières, pourquoi pas ! Mais ça s'arrête là, nous n'en faisons pas notre profession. Nous louons un poule de matériel à des prestataires tous les ans pour l'organisation générale du festival, mais nous ne louons jamais notre propre matériel. Il est à disposition, comme par exemple les gobelets réutilisables et consignables que nous prêtons à d'autres assos.

  • Avez-vous un modèle de logistique repris chaque année ou est-ce un nouveau départ à chaque édition ?
  • Oui, nous avons 90% de logistiques qui fonctionne pareil chaque année. Le site s'agrandit pas donc nous savons combien il nous faut de barrières, de pinces, de plots, etc. Il n'y a pas beaucoup d'improvisation. Seulement quelques modifications pour améliorer le site en décorations et lumières ou pour l'organisation générale mais pas de gros chamboulements.

  • Quand démarre réellement l'organisation du festival ?
  • Maintenant et tout le reste de l'année en fait ! Là on est sur la programmation, en février nous commencerons la logistique, les demandes de devis, etc. 

  • Quels sont les imprévus auxquels vous vous attendez ?
  • La pluie, le vent. La météo c'est quelque chose d'incontrôlable. Ça peut aussi être une annulation d'artiste puisque ça nous est déjà arrivé. Les imprévus dans une organisation qui accueille 20.000 personnes par jour, il faut qu'il y en ai le moins possible. Il faut qu'on soit très carré ! Bon, les équipes sont rodés maintenant, elles savent ce qu'elles ont à faire. L'imprévu sur le festival du Bout du Monde, ça serait des choses que nous ne pouvons pas influencer, comme une tempête ou un ouragan. Mais nous sommes quand même préparé en termes de logistiques et d'organisation.

  • Comment appréhendez-vous les surprises ?
  • Comme je dis toujours, il faut garder son calme, rester serein, sage pour prendre les bonnes décisions. Il faut modérer les ardeurs de chacun, toujours fédérer les bénévoles et l'équipe. C'est comme un capitaine de bateau !

  • Si nous prenions un bateau, vous seriez plus le capitaine ou l'armateur ?
  • Le capitaine. Je me considère comme un artisan du spectacle. J'aime beaucoup mon métier et ce que je fais. J'ai une liberté de choix artistique, de travailler les gens avec qui je veux. C'est un luxe en 2011/2012 ! Je trouve qu'on continue de faire de belles choses avec les copains, les bénévoles et l'équipe. Le public nous dit "surtout grossissez pas trop !" C'est un festival qui plaît, où l'on aime bien venir, où l'on est bien accueilli. C'est ce qu'on aime au Bout du Monde !

  • Comment s'est passé la vente des 2500 pass à prix d'amis ?
  • Wow, ça s'est vendu en 10 min !

Voilà pour l'interview. Ça m'a été très utile pour mon cours et je remercie Jacques Guérin pour son ouverture d'esprit et ses réponses précises. Bon courage pour les 3 prochaines années !

Le site du festival du Bout du Monde possède toutes les infos nécessaires pour l'événement ;)

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